Cela fait plusieurs semaines que cette réflexion me trotte dans la tête. Et plus j'y pense, plus je me dis que je devrais coucher ces pensées par écrit.
Voyez-vous, j'habite dans l'une des 5 plus grandes villes de Belgique, la première de la Wallonie si je ne m'abuse. Et le bio, pour un citadin, j'ai souvent remarqué que c'était plus pour faire bon chic bon genre (Regardez, je mange bio, je m'habille équitable et je bois du pipi de chat parce que c'est bon pour la santé. Je caricature bien sûr.) que pour montrer sa volonté de participer à une agriculture meilleure, et souvent locale. Parce qu'on est bien d'accord, des fraises bio qui viennent d'Israël, ça perd un peu tout son sens côté impact écologique.
Et quand je suis partie en vacances en Provence avec ChériChibi, j'ai remarqué que dans le petit village où nous étions, chez mon oncle, on mangeait bio. Et là-bas, c'est un peu la norme. On fait les marchés des villages voisins, on achète son pain au boulanger-artisan du marché, idem pour les fruits et légumes (qui sont teeeeeeellement meilleurs!), on achète sa viande chez le boucher-charcutier du village et on va une fois par mois au Super U (à une trentaine de kilomètres de là) pour ce qu'on ne peut acheter à l'épicier du coin. Et on consomme local sans en faire tout un foin. Évidemment, ce doit être plus facile en Provence où le climat permet de faire pousser pas mal de produits très demandés dans le reste de la France, comme partout en Méditerranée. Mais quand même. Là-bas, le bio, c'est simple, naturel et sans chichi.
Marché de Cucuron autour du bassin du village dans le sud de la France. |
Alors qu'ici, mais le bio ma pauv' 'tite dame! C'est enrobé de pub', de mille fioritures, mis en avant comme un label exceptionnel. C'est vendu dans des petits supermarchés spécialisés ou des petites boutiques. Et ça te coûte 3 fois le prix normal. Du coup, le bio, c'est surtout réservé aux riches bobos dont j'ai parlé ci-dessus et pas tellement pour le citoyen lambda qui a envie de faire des efforts mais qui est freiné par cette image du bio et du prix exorbitant des produits.
C'est vrai, on peut trouver certains produits bio dans nos supermarchés traditionnels. Mais à mes yeux, ça perd clairement de son charme et de son authenticité, surtout quand on sait la pression exercée sur les petits producteurs... Et là, je repense à la Provence et aux marchés avec les étals d'olives. Slurp. Pardon, je m'égare. Les produits bios et frais en supermarchés ma foi pourquoi pas si les producteurs locaux (souvent petits) sont respectés et non pressés comme des citrons pour avoir la quantité de marchandises réclamée par les grandes surfaces... En tout cas, c'est déjà un premier pas pour lutter contre les multinationales type Chiquita...
Quand je pense au bio à Liège ou à l'alimentation qui se veut saine, je pense à Exki, la chaîne d'alimentation qui travaille au maximum avec des producteurs de leur région, au supermarché bio auquel je pense depuis le début de l'écriture de cet article et aussi à un autre nouveau resto qui propose de la cuisine bio gastronomique. Alors là, c'est un peu le pompom. Apparemment, l'alimentation bio, ce n'est effectivement pas pour n'importe qui. Ne faudrait-il pas la démocratiser au lieu d'en faire un Saint Graal inaccessible, renforçant l'image du "Le bio, c'est pas pour moi, regarde, c'est de la gastronomie. Allez viens, on va au Quick." ?
Bref, tout ça pour me demander: si je veux du bio authentique, simple et vrai, vais-je devoir troquer ma vie de citadine contre un petit village reclus?